Comment c’était avant l’île de Ré
Edition : L’Harmattan
ISBN: 978-2-296-10363-4
Date de parution: juillet 2010
160 pages
Résumé
D’un beau rêve au départ – réhabiliter des individus ayant commis un crime, une faute ou une erreur, la justice pensait leur donner une nouvelle chance en participant à construire une colonie – allait naître l’une des pires monstruosités qu’une civilisation ait enfanté.
Un véritable cauchemar.
Le départ de métropole avait lieu à partir de Saint-Martin-de-Ré où tous les condamnés aux travaux forcés convergeaient des quatre coins du pays. On appelait cela « la chaîne » car, au début, avant qu’ils ne soient convoyés par wagons à bestiaux, les forçats étaient enchaînés les uns aux autres et traversaient la France à pied, pendant des semaines, à marche forcée.
[…]
Le livre de Daniel Bernard va contribuer à enlever une petite partie – une infime ! – de la mauvaise conscience de la France. Il fera connaître cette page tragique de son histoire aux habitants de l’île de Ré et à ses nombreux voyageurs de passage en racontant le destin de queques-uns de ces hommes punis – comme Guillaume Seznec, mon grand-père – qui auront eu le mamheur de transiter par son adorable petit port en colimaçon… »
Extrait
« Ce que les peintres Louis Suire, Claude Rabanit et Chapelain-Midy aimaient à Ré, c’était la lumière qui se marie si bien avec la mer, les dunes, leurs reflets dans les flaques d’eau et les plages qui s’étirent, serpentent et s’effilochent depuis la Conche des Baleines jusqu’au banc du Bûcheron au large du petit bois de Trousse-Chemise.
Ré n’est pas qu’une île, me disait Louis Suire entre deux touches sur l’horizon de sa toile. Elle est une infinité d’îles : il y a celles des ports, des marais, celles des vignes et des bois, celles des bateaux ancrés sur des rivages incertains. Sous le soleil, Ré devient blanche avec ses murs de chaux, noire avec le coaltar au bas des façades, rouge comme la robe des mariées d’autrefois, multicolore, beige ou bleu nuit avec les roses trémières partout dans les venelles et les cours intérieures, magenta avec les murs bas des Hurle-vent, jaune d’or avec les immortelles des dunes, pourpre ou carmin avec les coquelicots au pied de l’abbaye. Après en avoir épuisé toutes les teintes, Louis Suire repartait dans son voyage immobile et les choses se dénouaient comme on largue les amarres en quittant une crique, dans le silence des couleurs. »